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Le Covid rebat les cartes du marché de l’immobilier en France

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Le Covid rebat les cartes du marché de l’immobilier en France

Actualités
Publié le 01/05/2021 - Mis à jour le 01/05/2021

Le Covid rebat les cartes du marché de l’immobilier en France
DÉCRYPTAGE - Les Français conservent un fort engouement pour la pierre.

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Du jamais-vu. Alors que le pays continue de fonctionner au ralenti, le marché immobilier semble faire fi de la crise: boom des pavillons de banlieue, ruée sur les résidences secondaires, appétit des acheteurs pour les villes moyennes ou pour l’immobilier haut de gamme… Malgré l’arrêt total du pays au printemps dernier, les ventes ont peu reculé en 2020 (- 4 % par rapport à 2019 qui était une année record), tandis que les prix ont continué de progresser au global (+ 6,4 % sur un an, au quatrième trimestre 2020).

La volonté d’acquérir son logement reste toujours aussi forte. La pierre garde son statut de valeur refuge. Mais cette envie se déplace. « Aujourd’hui, ce qui prime pour les acheteurs, c’est la qualité de vie » fait valoir Thierry Delesalle, porte-parole de la chambre des notaires de Paris. « Le Covid a agi comme une sorte de révélateur. Beaucoup de Français se sont rendu compte des défauts de leurs logements » renchérit Yannick Jehanno, patron du réseau Laforêt immobilier.

Un appartement trop petit, mal insonorisé, avec un vis-à-vis n’est plus vécu de la même façon lorsqu’on doit y passer toutes ses journées, du matin au soir. En région parisienne, il en résulte des départs vers la proche banlieue. Un phénomène également visible autour de Lyon, Lille, Marseille.

Les possibilités offertes par le télétravail ont aussi rendu possible ce qui semblait inimaginable il y a quelques mois encore. « Pour certains Français, il n’est plus nécessaire de se rendre sur son lieu de travail tous les jours. Si on ajoute à cela une envie d’espace et verdure, pourquoi ne pas franchir le pas ? » Indique Yannick Jehanno.

Paris et les grandes villes fléchissent

Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. À Paris, où le tarif moyen du mètre carré dépasse allègrement les 100 000 euros, l’adage se vérifie enfin. Les prix reculent depuis six mois (-2.5% selon le site meilleursagents.com). Du jamais vu depuis 2015 conséquence d’un déséquilibre entre offre et demande. Les ventes d’appartements ont dégringolé de 8% de décembre 2020 à février 2021, selon les notaires du Grand Paris. Les mises en vente, elles, grimpent, notamment pour les petites surfaces, qui peinent à se louer faute de candidats locataires, et pour les logements Airbnb vides de touristes. Les grands logements de plus de 80 m² peinent aussi à changer de main. L’attrait des familles pour les maisons avec jardins, en proche banlieue, n’y est  pas étranger.

Aujourd’hui, les acheteurs ont du choix. Ils se donnent le temps de comparer. « Le temps où les clients faisaient leur offre dans l’appartement depuis les smartphone pour ne pas louper une vente, est révolu », souligne Frédéric Teboul, du réseau d’agences Guy Hoquet Aleph.

L’encadrement des loyers, qui limite les perspectives de rendements, est autre frein. «  On a deux fois moins d’acheteurs. Cela est dû en grande partie à la baisse des clients investisseurs », signale Frédéric Teboul. La capitale n’est pas la seule ville à connaître un atterrissage forcé. À Bordeaux aussi, le coup de frein est sévère. Les prix devraient reculer de près de 5% à compter du mois de mai, selon les notaires. Un chiffre issu des promesses de ventes déjà signées. « Bordeaux a connu une trajectoire inédite, supérieur à la hausse enregistrée dans les villes de province ces dernières années.

C’est un atterrissage après cinq ou six ans d’augmentation à deux chiffres », souligne Frédéric Violeau, président de l’institut de droit notarial et notaire à Caen. À Lyon aussi, les prix semblent reculer légèrement depuis quelques mois. Comme à Paris, la recherche de maisons avec jardin en périphérie bouscule le marché. Mais les effets de la pandémie ne sont pas la seule raison de ce mouvement baissier. Les taux d’intérêts ne diminuent plus et semblent avoir atteint leurs points bas. Comme ils ne peuvent plus servir d’amortisseurs, les prix doivent s’ajuster. En cas de hausse du coût de l’argent, la baisse des prix pourrait même être un peu plus marquée.